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Aube de l'Étoile - auteur-compositeur-interprète de l'Âme et de l'Amour
Aube de l'Étoile - auteur-compositeur-interprète de l'Âme et de l'Amour
  • AMATEUR auteur-compositeur-interprète de chansons française, romantiques ou humoristiques sur la vie. Chante aussi les poètes célèbres (Rimbaud, Nerval, Baudelaire) ou inconnus (Joëlle Eymery). Fais quelques reprises de chansons anglaises (U2) ou fr
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22 juillet 2014

Aube de l'Etoile à Paris

A la fois je me sentais missionné pour aller faire connaître Aube de l'Etoile dans la capitale et centre de la France, et conquérir son coeur, à la fois j'espérais rencontrer à l'improviste ma belle...

Ce fut une courte, intense et riche expérience, bien que dure puisque j'ai dormi quatre nuits dehors...

Ce fut l'occasion pour moi de chanter dans les rues de Paris et de faire le jeu de la boîte magique à chansons avec de très belles rencontres à la clé. Plus que quand je chantais dans la rue – où le contact avec le public est plus difficile et plus lointain lorsqu'il a lieu. Ce qui me donne une affection particulière pour ce mode de prestation que j'ai inventé, qui m'a été inspiré avec bonheur. J'éprouve le même plaisir que quand je contais. Et c'est là que j'ai le sentiment d'apporter le plus quelque chose aux autres.

Je vais donc raconter mon petit séjour, en incorporant le quotidien, parfois difficile, et quelques autres belles rencontres hormis celles de la boîte magique à chansons.

De Angers au Tuileries:

Je suis parti le 16 juillet en covoiturage, vers 9 h, arrivé vers 12h à Boulogne-Billancourt, d'où je pris le métro en direction les Tuileries que j'avais visé comme premier lieu pour chanter. Là, je trouve un coin à l'ombre sous un arbre et je m'installe pour ma prestation improvisée. Il y a des jeunes assis derrière moi sur la pelouse publique (car il y a celle privée, interdite...). D'autres sont assis sur des bancs, d'autres circulent - la plupart des touristes, certains s'arrêtent pour m'écouter – peu faut le dire, et souvent d'assez loin. J'ai dû chanter une heure et demie deux heures gagné 6 euros dans la première demi-heure; après, plus rien. Mais je vois un jeune type banlieusard qui se tient là un bon moment et qui a l'air de m'écouter, visage fermé, soucieux. Un groupe de japonaises manifestèrent leur joie à m'écouter pendant que je chantais Le Prince. Cela me faisait rire intérieurement, car elles ne comprenaient rien aux paroles: auraient-elles réagi pareil en les comprenant? Enfin, c'était un bon moment de communication avec le public, le seul pour ainsi dire.

1ère session de la boîte magique à chansons à Paris:

Le soir, je me poste sur un banc, sous des tilleuls, à proximité d'un groupe de jeunes adultes (la trentaine). J'ai envie de les accoster mais j'hésite. Je ne veux pas les déranger. Finalement, une fiente de pigeon tombant du ciel sur moi me décidera à me rapprocher d'eux. Et cinq minutes plus tard, je me décide à les accoster. D'abord je leur demande si ça les dérange que je chante quelques chansons. Ils disent non, bien au contraire, ça fait de l'animation. C'est l'heure de l'apéro... Parmi les chansons que je chante: Amarres. On me demande si je veux boire quelque chose et j'accepte un verre de vin rouge; on m'offrira aussi des gâteaux apéritifs, puis plus tard des parts de pizza commandées. Le jeu de la boîte magique à chansons que je leur propose suscite leur intérêt, leur curiosité, et un certain questionnement mêlé de surprise devant cette insolite démarche. Du groupe de quatre personnes d'abord, je fais le jeu à trois d'entre elles. Et curieusement, pas à celle avec qui il me semblait être mon "cobaye" idéal.

Le premier à accepter de tirer un papier s'appelle Laurent, venu en vélo (le seul du groupe)  et pas un vélo classique: un vélo pliable, couché au sol qui suscite mon étonnement. Et il tire... I love le vélo!  Ses amis s'exclament: "Ah celle-là est bien pour toi!" Manifestement l'ampoule s'est allumée, bien que je remarque une certaine pudeur face à ses émotions et à ma demande du résultat.

Le second participant, Gaëtan (35-40 ans) tire Amarres. Je lui dit: "Ah bah celle-là, je viens de la faire", mais on me répond qu'ils n'avaient pas entendu les paroles alors (ils parlaient et j'étais trop loin, ma voix ne portant pas assez, puisque je ne voulais pas les déranger). Ça lui a correspondu. Mais là encore, la réponse à ma question est très réservée, alors que j'ai été applaudi par l'ensemble du groupe sans réserve!

Plus tard, un couple s'adjoint à ce groupe d'hommes et la jeune femme accepte de jouer; elle tire Fréquences. Applaudi chaleureusement, elle me dit que j'ai du talent et qu'il fallait que je persévère, que c'est la clé de la réussite (j'ai déjà entendu ça: oui... Michael Jackson!) Pendant que le groupe initial s'était écarté pour faire une partie de pétanque (on joue beaucoup à la pétanque à Paris, tout  autant qu'à Marseille!), elle et son compagnon m'ont donné plein d'idées d'endroits pour jouer, la jeune femme marque ma carte de métro au bic; ils me parlent aussi du dispositif de la RATP: les musiciens du métro, que je pourrais tenter, car c'est un bon moyen de se faire connaître. Finalement, cerise sur le gâteau, la jeune femme dont j'ai oublié le nom me tend un billet de 10 euros!

 

Magie et panique:

 

Comme l'un des lieux recommandé était le Pont-Neuf, et que ce n'était pas trop loin, je me décidais à aller là le soir, regrettant de n'avoir pas osé demandé à loger (ne voulant pas abuser de leur hospitalité), sauf au couple qui me répondit, désolé, qu'ils ne pouvaient pas. J'ai eu tort de ne pas demander aux pétanqueurs; j'attendais qu'on me propose... Même si je n'adhère pas à tous les enseignements bibliques,  il y a de bonnes paroles: "Demande et on te répondra; frappe à la porte et on t'ouvrira", a dit Jésus Christ, suivant l'Evangile; je ne prend pas toutes paroles bibliques pour paroles d'évangile, mais il y a maintes paroles sages, et celle-ci suivie avec plus de persévérance, justement, aurait pu m'éviter quatre nuits dehors, et l'accumulation de fatigue... Mais en même temps, il était relativement tôt encore et, invité, je n'aurais pas vécu ce que j'ai vécu.

J'arrivai au quai du pont--neuf et vit que c'était animé, mais je cherchais à voir s'il n'y avait pas dans le coin un café ou un restaurant où je pouvais jouer. Je retournai enfin sur mes pas pour descendre sur le quai aménagé en parc, où il y avait de l'ambiance créée par un regroupement de jeunes. Certains jouent de la guitare et chantent. Que des chansons connues. J'y associerai de mes chansons, dont Amarres qui fut bien applaudi. A un moment, l'un des jeunes, à l'air dandy, vient vers moi pour me demander si il pouvait jouer de l'harmonica. Il me dit que mon harmonica en sol est défectueux (il ne m'apprend rien) et je lui présente celui en Do. En petit virtuose, très bluesy, il accompagne le guitariste à côté de moi et recueille les applaudissements.

C'est assez magique comme lieu et comme ambiance, me dis-je. L'endroit idéal pour dormir si je ne trouve pas d'abri.

Mais, bientôt, la nuit s'avançant, tandis que je vais soulager ma vessie contre un buisson, je vois un rat courir comme un bolide, puis un second. Il seront de plus en plus nombreux dans ce parc aux poubelles bondées. Je ne m'attendais pas à cette rencontre qui m'évoque tout de suite la peste; et je sais d'emblée que l'endroit, bien que très sympa, je ne pourrais jamais y rester la nuit pour dormir. Je n'ai pas encore réussi à demander à nouveau pour passer la nuit à l'abri. Je décidai de retourner aux Tuileries. A un moment donné, je m'arrête, un homme que je vis de loin d'abord, avec - curieusement -  une marmitte dans les mains, me demande si je suis "SDF". Je n'aime pas être pris pour tel, je lui dit que je suis juste un routard qui cherche un lieu pour dormir. Et encore, "routard", c'est pas très exact: troubadour ou artiste pèlerin! (genre faux-con pèlerin? je ne sais) que j'étais en vérité. Et encore! C'est "Troubadour missionnaire" qui convient le mieux. Et troubadour amoureux... ça va de soi! L'amour nous fait inventer de ces missions, mes amis! Mais il faut avouer qu'elle est bien en accord avec mon âme... D'ailleurs, tout à l'heure sur mon balcon au soleil, que vois-je se poser sur ma cuisse? Un magnifique papillon!... Certes, il y a un arbre aux papillons en face, mais je ne suis pas une inflorescence de buddlia! Il faut savoir que le papillon symbolise Psyché ou l'Ame (voir mythologie grecque) et que c'est une bestiole dite "psychopompe" (j'espère que ça ne vous pompe pas trop!), et donc un papillon qui se pose sur toi, c'est vraiment cadeau! et un signe qui ne trompe pas: le papillon pompe la fleur, le nectar et donc, il se peut bien qu'il m'invitait à pomper le nectar de mon âme, au coeur de l'instant présent, pour à nouveau en faire offrande autour de moi (contextuellement, vous avez compris que je suis entre deux eaux, dans un état de repos, de flottement, en train de me ressourcer, et j'ai besoin de coucher par écrit ce que j'ai vécu pour pouvoir continuer à avancer - et c'est sans recherche littéraire, bien que la grâce semble toucher ma plume parfois.

 Bref,  l'homme à la rue et moi (retour à l'âpre réalité) on aura une bonne conversation durant vingt minutes, une demie-heure. Il m'apprend qu'il est devenu SDF, il y a quelques mois, six peut-être, que ç'avait été très dur au début. Il m'apprend que lors d'un séjour au Brésil, il s'est mis à prendre de la coke et que bien que faisant beaucoup de sport l'aidant à s'équilibrer, il a des périodes de rechute. Il me donne le conseil de ne surtout pas prendre goût à la rue, de ne pas accepter cette situation, de chercher à s'en sortir et seul! c'est à dire de ne surtout pas chercher à s'associer à des personnes dans la même situation et qui arrivent à mieux vivre d'une certaine façon la rue, mais en prenant de la coke et de l'alcool. Vivre dans la rue est vraiment dangereux, je suis prévenu. Un moment, il m'évoque un peu sa vision du monde: pour lui  on était tous un peu des âmes maudites. Je lui rétorquai alors l'enfer, c'était nous qui le créons. Qu'on peut aussi vivre le paradis. Il capte tout de suite que je parle de la puissance de notre esprit, je parle de méditation, il m'évoque Krishnamurti et Eckart Tollé, ça lui parle. Cependant, je lui avoue que je ne suis pas un champion de la méditation; mais je lui dit que la pratique de l'art est une forme de méditation et je lui parle aussi de certaines techniques l'intéressant vivement, comme l'oreille qui marche (marchant tout pareil pour n'importe quel sens sur lequel on se concentre). Comme il me déclare que la pensée était source de tous nos maux, je lui dit aussi que la pensée avait son importance, mais que l'essentiel était de dominer son esprit, ce qui - on est bien d'accord - n'est pas évident à faire.

Il doit être plus de quatre heures du matin, j'approche des Tuileries, quand je m'aperçois que j'ai perdu un sac... Il y a tous mes remèdes pour les bains de bouche suite à la dent que je viens de me faire enlever, ainsi que mes Efferalgan Codéine. Je rebrousse chemin jusqu'à l'endroit où j'ai quitté l'homme SDF. Pas de sac. Peut-être que c'était un poids inutile... Mais en attendant, ça s'ajoute à mes déboires. Et la fatigue aidant, les paroles un peu alarmistes vont bientôt me faire basculer du côté du tourment et du désarroi. D'autant qu'aux Tuileries, je vois un homme fouiller les poubelles, et il me dit: "T'es à la chasse?" J'hallucine! Que je regrette mon petit chez moi! Mi-allongé sur un banc de pierre pour dormir, je l'observe de loin. Je comprends soudain l'objet de sa chasse: l'alcool! Les restes... La misère! A un autre moment, une jeune fille, genre gouaille parisienne, m'accoste et me dit, voyant ma guitare: "Tu fais des choses sympas?" Elle veut manifestement que je lui joue un morceau, mais pour toute réponse je lui dit que je suis trop fatigué pour jouer. Elle me quitte en disant: "Dommage!" J'ai regretté un peu ensuite. Et encore plus, quand me sentant seul, et n'ayant toujours pas réussi à dormir, je téléphonai entre 6 et 7 heures à une amie de mon petit pays. Évidemment, je ne fus pas reçu dans la meilleure disposition... Je lui disais que je me sentais abandonné de Dieu, que le fait que je me retrouve dehors – moi qui avait confiance pour être accueilli – était la preuve que j'avais échoué dans ma mission. Elle me répondit: « Mais attends, ton séjour commence tout juste... » Cela me réconforte un peu, même si je ne suis pas très fier...et que toutes choses accumulées, je me décharge lacrimalement. "Il est beau, Aube de l'Etoile!" me dis-je. En effet, je suis un homme tout ordinaire qui se retrouve avec une mission réelle ou imaginaire qui en tout cas me dépasse complètement, et je ne semble pas avoir le choix bien que je dise à Dieu que je ne suis pas son homme, pas taillé pour cette folle mission: en effet, avec mes dispositions aux tendinites, ma difficulté à apprendre mes chansons par coeur, etc. je doute parfois... Et quand en plus on se retrouve à ne pas dormir de la nuit et à finir par coucher dehors, je ne vous explique pas...Enfin, j'allais dormir d'environ 8h du matin à midi, au bord de la pelouse privée, me réveillant au soleil, salué par des roucoulements.

 

Journée du 17 juillet:

L'après-midi, je vais jouer dans le parc à côté de Notre-Dame de Paris. Je remarque des femmes de haute société. Elles acceptent La Vague, mais quand après je joue Amarres, elles partent, l'une d'elles semble dire à son amie: "Qu'est-ce que c'est que cette horreur!" C'est elles que je visais le plus comme public, étant dans mon champ de vision, et c'est un homme, d'une classe aussi aisée, et qui, assis plus près de moi sur un banc avec sa famille, me gratifie d'une pièce de deux euros en me disant: "Pour l'artiste". J'apprécie, bien que me disant: "Une jeune femme de classe moyenne m'a tendu un billet de 10, et lui, manifestement argenté, deux euros..." Mais bon, il aurait pu ne rien me donner du tout, et je partais avec un baume au coeur que je n'aurais pas eu sans lui, car c'est la seule pièce que j'ai gagné en une heure. Et n'est-ce pas? être apprécié comme "artiste", mon frère, ma soeur, ça fait toujours du bien où ça passe...

Après les concerts du Fnac-Live, à l'Hôtel de ville, je cherche un café ou restaurant pour jouer. J'en repère un dans une rue calme.  Le patron à qui je demande pour jouer me dit d'abord, pour me dire non, qu'il a eu des problèmes avec les voisins récemment avec la musique trop forte. Je lui dis que ce que je n'ai pas d'ampli et que ce que je fais est assez doux. Il me place alors dans un coin dehors. Je commence par des reprises, puis enchaîne des compos. Quelques pièces tombent; puis c'est le patron qui sort et qui lâche une pièce de deux euros. J'aurais gagné 4 euros et quelques centimes.

Après le concert final et génial de M (bien que mon état de fatigue m'empêcha de l'apprécier au mieux), je passai ma deuxième nuit de sommeil sur le site même. Des hommes de sécurité sur place, je n'avais rien à craindre.

18 juillet:

ça commençait pas fort.

 Je notai:

"Je suis fatigué, découragé. Je n'ai qu'une hâte: retrouver mon chez moi. Aujourd'hui normalement est ouvert le Paris-Plages. Je l'espère, et que mon jeu marche bien. Mais pour l'instant je n'ai plus la niaque." En fait, le Paris-Plages ne commençait qu'après le festival de quatre jours, mais comme j'avais vu les installations...

2ème session de la boîte magique à chansons à Paris:

Plus reposé, de meilleur forme, j'allai l'après-midi sur l'île Saint-Louis où sur le quai j'accostai un jeune homme que j'avais repéré auparavant en compagnie de deux jeunes filles. Quelques mots échangés avec lui, avant le retour de ses amies, parmi elles peut-être sa petite amie, et je me lançai pour leur proposer mon jeu.

Accepté de bon coeur, une Clémentine se prêta en première au jeu et elle tira Amour de troubadour. Repensant à la première fois où une femme avec son compagnon (voir Rapport de la fête du vélo) tira ce titre, je fis un "holà"! Elle fit « Quoi? », mais je la rassurai par quelques mots. Je priais pour que le jeune homme ne soit pas son petit ami... Ouf, elle a dit que l'ampoule s'était éclairée! et le jeune homme ne semblait pas alerté. Que je vous explique: le troubadour, comme le poète, par les mots, la voix et la musique, peut avoir un effet sur une femme pouvant rendre jaloux un compagnon... Et cette chanson s'y prête particulièrement!

Le jeune homme, le compagnon ou ami de Clémentine joua à son tour et tira: Monsieur Troubadour! Décidément, leur dis-je, c'est très "troubadour"! J'en ai trois avec le mot troubadour dans le titre. La troisième participante tirerait-elle le troisième?

Bien que je leur dise la défectuosité de mon harmonica, ils n'en semblèrent pas gêné. Le jeune homme a été touché et j'ai perçu que Clémentine avait senti son émotion puisque au "Ah qu'cest dour d'aimer sans retour", elle lui posa la main sur son bras.

La troisième avait un nom de baie des montagnes. Elle tira C'est la vie tu n'y peux rien. La chanson la fit pas mal rire (notamment à: "Montre que tu en as dans la culotte"...) Elle déclara l'ampoule allumée bien que, présentement, elle n'était pas en état de déprime.

Enchantés de ce moments, tout comme moi, ils partirent en m'offrant deux sandwichs.

Un jeune homme qui était assis derrière moi sur un banc vint vers moi tandis que je rangeais mes affaires et me disant, plein d'enthousiaste: "C'était génial, j'ai encore l'air dans la tête!" Je lui demandai si il voulait jouer aussi au jeu. Il dit oui, et son ami aussi, tous deux étant en galère, – sentimentale notamment... Ils étaient les meilleurs potes du monde, bien qu'ayant des goûts musicaux très différents, mais comme ils me dirent, l'amitié se fonde sur les valeurs partagées, pas sur le style de musique dont on est fan. Je tairai l'un des noms à ces inséparables, pour conserver leur anonymat.

Je passerai bien deux heures avec eux enchaînant les chansons, après qu'ils aient chacun tiré leur titre. Aussi, Damien, celui qui m'avait accosté tira Ma Crise. Il déclara l'ampoule allumée. L'autre qui avait un beau nom d'une rareté notable tira Cantique Collection. Je lui expliquai que dans cette chanson, il y avait 22 ans de ma vie. Il déclara aussi l'ampoule allumée. Il me demanda à la fin si Yahoa avec un rapport avec Jéhovah (et que donc ça parlait des Témoins de Jéhovah), et je lui répondis par l'affirmative, en lui apprenant que Yahoa, choisi par moi pour l'humour était vraisemblablement la bonne prononciation.

 Ils me remercièrent de nombreuses fois et m'encouragèrent à continuer mon jeu de la boîte magique à chansons. C'étaient vraiment des hommes dans le coeur. L'ami de Damien m'a proposé de le rejoindre à un musée où il travaillait afin qu'il puisse voir ce qu'il pouvait faire pour mon harmonica défectueux. Je garderai aussi ce partage émouvant du même qui, sur une musique enregistrée sur son portable, se mit à slamer un texte de son cru. Quant à Damien, d'une toute aussi grande chaleur, m'a dit que j'étais un vrai troubadour, qu'il n'y avait pas besoin d'être virtuose pour que ça touche, mais d'être dans le coeur. Il appréciait beaucoup ma simplicité et ma spontanéité à une époque où tout est programmé. Et c'est vrai, parlons-en un peu.

Petit coup de gueule:

Ces festivals qui mettent trois plombent pour faire les balances... et nous soûle toute la journée...Pourquoi? Pour faire travailler les techniciens (exactement comme le travail des voiries ou ils préfèrent creuser et reboucher trois fois pour mettre trois tuyaux plutôt que faire tout en une fois...) Comme disait Damien, les musiciens en principe connaissent leur son et ça va très vite. Là, tout le matin et l'après-midi on a les balances, alors qu'on pourrait avoir des prestations d'amateurs en scène libre pendant ce temps-là! et faire découvrir de nouveaux talents. Certains qui occupaient tôt le matin de la scène n'attendaient que de la musique.

Ces festivals qui se disent gratuits alors qu'ils sont payés par la population locale à travers les impôts locaux, sponsorisés par des entreprises, bref par le système. Comment peut exister la vraie liberté et dignité de l'artiste? Un artiste ne préfère t-il pas que son public le paye de manière transparente pour l'écouter, lui, et pas un ensemble d'artistes pris en bloc de manière indifférenciée, payés obscurément et que le public paye tout aussi obscurément? D'autre part, ce système marchand ne marchande-il pas la musique des artistes, et ceux-ci sont-ils vraiment libres de chanter ce qu'ils veulent? On avait, dans un festival où j'ai été antérieurement, des artistes soit-disant engagés, mais comment? Leur musique, pour appréciable, rythmée, colorée, ensoleillée qu'elle était (et j'ai apprécié), ils n'en chantaient pas moins dans une langue qu'on ne comprenait pas. Engagée comment? Moi je suis engagé, pas tellement politiquement mais âmement, si je puis dire (autre façon de dire spirituellement). Je suis un vrai dissident, pas violent, plutôt là pour élever les consciences, et je chante la plupart du temps avec des paroles que mes compatriotes comprennent. Alors, je ne suis pas contre les musiques du monde, métissées, mais qu'on ne nous parle pas d'artistes engagés. Certes, la musique est un langage universel, et la musique que j'ai entendu à ce festival était plein de bonne énergie. N'est-il pas mieux de tempériser le propos?

Je dois dire aussi que ce paragraphe est inspiré par une rencontre faite d'un ancien journaliste et très critique vis-à-vis de ces festivals dit "gratuits" qui servent davantage la vitrine de la commune que les artistes et le public. Il dirait les choses mieux que moi qui ne sait pas. Certes, il ne faut pas tout voir en noir, mais il me semble qu'il y a du vrai dans ces remarques.

Autre coup de gueule, je reviens au festival Fnac-Live: comme beaucoup de festivals (la plupart), on vend de l'alcool à gogo, où on vient soi-même avec ses bouteilles: c'est ça la fête, et on retrouve un champ de bouteilles à la fin, dont beaucoup de cassées (rappelons qu'il s'agit de verre, que ça coupe,  etc.). Après j'ai entendu les nettoyeurs dire devant de justes indignations: "C'est rien, on est là pour nettoyer." J'ai vu leur nettoyage avec buldozzers, souffleurs, etc. Résultat: Ah de loin, propre, vraiment propre! Marchons un peu. Vaut mieux alors ne pas regarder par terre (et je déconseille aux vélos de traverser la belle place du bel Hôtel de Ville!) Le sol est jonché de bouts de verre! Voilà la citoyenneté! Et après on a des intermittents qui gueulent pour leurs droits (et ce n'est pas pour les remettre en cause) mais qui cautionnent ce flagrant non respect en ne disant rien. Où est la cohérence dans tout ça? L'artiste n'a t-il pas un rôle éducatif? N'a t-il pas son mot à dire sur le déroulement du festival, ne serait-ce qu'en dénonçant les organisateurs? Quand va t-on être responsable et élever la population? Au fond, un public à qu'on laisse délibérément dégueulasser des lieux, c'est je trouve un public qu'on considère comme de la merde. D'ailleurs, le but est entendu: l'alcool maintient en esclavage la population, on leur donne leur petit exutoire, défoulement qui leur donnera une bonne raison de trimer au boulot: le week-end, c'est la fête; et la fête, c'est musique en s'bourrant la gueule (voir en se défonçant...) Voilà comment dans une société hypocrite et corrompue par l'argent, voilà comment dans notre médiocratie (comme dirait l'autre), on refuse d'élever, de responsabiliser en tant qu'être humain responsable dans la communauté et de son environnement tout en prêchant le contraire. Nos "Papas" et "Mamans" méritent la "fessée"! Oui, car c'est notre gouvernement qui agit ainsi. L'exemple est petit mais révélateur de notre monde. Et moi, je vote blanc. Tous, votez blanc, j'ai envie de dire. Pas un pour rattraper l'autre. Tous soumis à la mainmise de l'économie non respectueuse de l'humain et de l'environnement – tous leur donne du pouvoir sur nos vies en ayant peur pour leur peau et en ayant appât pour le pot... Nous n'élisons pas des hommes, nous élisons des pantins! Alors c'est la racine que nous ne devons plus nourrir pour qu'elle pourrisse. Et ce n'est pas pour plébisciter le communisme, ni le fascisme, ni même l'anarchisme (car il faudrait là encore que les hommes soient conscients et responsables). Je ne suis pour aucun parti politique. Tous, clivés, sont semblables à ceux qui dans le film Indiana Jones choisissent un graal en or et en pierres précieuses... Or, à la tête, il nous faut un homme qui choisisse le pot de terre! Le Graal. L'Amour. Je ne prêche donc aucun parti et pas même de Révolution, car elle doit se faire à l'intérieur de chacun; je ne prêche que l'Amour comme gouvernement, un gouvernement où le spirituel soit en équilibre avec le matériel, et pas que ce dernier engloutisse l'autre comme depuis trop longtemps, depuis qu'on a perdu tout sens, toute transcendance. Un monde qui soit une grande tribu où personne n'est laissé pour compte, où tout le monde mange à sa faim, où personne ne dort dans la rue, dans un niveau de vie plus animal qu'humain, indigne de son statut et de son potentiel d'être humain. Ceci dit, quand je dis animal, je parle de vie uniquement dans l'instinct, je ne dévalorise pas les animaux, et j'irais même jusqu'à dire que chimpanzés, orang-outang, gorilles, sont plus humains que certains humains et que s'ils pouvaient gouverner (n'en déplaise à la Planète des Singes, on aurait déjà le royaume de l'Amour qu'on attend. Mais Il vient. Et Aube de l'Etoile est un de ses annonceurs.

 Je reviens au festival. Est-ce parce que c'est la fête qu'on doit laisser cette débauche? – pour donner du boulot aux nettoyeurs de ville, on se demande! Il existe un festival qui est dans le respect de l'humain et de l'environnement: le festival d'Airvaut intitulé « Le Rêve de l'Aborigène ». Et il font payer l'entrée! Il doit y en avoir d'autres, des festivals comme ça, mais je connais celui-là. Et je dis bravo! C'est festif, sans être dégradant. Pourtant, bémol, grand bémol, j'ai vu à ce festival Fnac-Live un public chaleureux, bon enfant, plein d'amour – mais des enfants mal éduqués bon sang! J'ai rencontré quelques uns de ces jeunes sur le pont d'à côté. Je ne les voyais pas comme des salisseurs (et peut-être n'en faisaient-ils pas partie). Ils ont été formidables avec moi, intéressés pour m'écouter, ouverts, très réceptifs, spontanés, joueurs, naturels. Ce sera avec certains d'entre eux (garçons et filles) que je ferais ma troisième session du jeu de la boîte magique à chansons.

 3ème session de la boîte magique à chansons à Paris.

Donc, sur un pont occupé, dans une ambiance magique et bon enfant, avec tambours pour l'animer, plus loin, un jeune guitariste, à fond dans les années 70, jouant debout, en transe; certes, c'était beaucoup de notes enchaînées, j'aurais pu l'envier, car je n'ai pas sa dextérité, certes, ça percutait peu, le jeu très fouillis, manquant de précision et de puissance sonore, et certes, ça faisait celui qui se la pète un peu, mais il avait le cran d'être là à faire son truc, à partager sa passion pour l'univers musical des années 70, avec un plaisir non feint, à créer une certaine atmosphère. Sauf qu'il semblait jouer pour lui seul. Il me remercia de m'intéresser à lui. J'étais le seul, releva t-il à lui porter de l'attention.

Plus tard, une amie l'a rejoint et ils sont partis ensemble. Il n'y avait plus de percus, la place était vide pour une autre animation, et c'est moi qui la donnerait. C'est vrai qu'on m'y a poussé. Un jeune est venu vers moi qui était assis. Il m'a demandé si je pouvais jouer quelque chose. J'ai dit que j'étais fatigué, mais bon, j'allais le faire. Ayant entendu Amarres, il apprécia la qualité du texte, de la voix, mais il me dit que je ne me donnais pas à fond, c'était timide, que si je voulais percuter, attirer l'attention, il fallait chanter dix fois plus fort ! Il me conseilla aussi d'utiliser le médiator pour que ça sonne plus, enfin me recommanda d' accorder mon harmonica (défectueux, on le sait). Il m'apprit qu'il était ingénieur de son et qu'il savait donc de quoi il parlait.

Quand je rechantai Amarres en me donnant à fond, un cercle se créa autour de moi. Avec trois personnes en faisant partie, dont deux espagnols, mais l'un parlant français, je ferai le jeu de la la boîte magique à chansons.

Le premier, espagnol, s'appelait Pablo. Il tira Fréquence. Une amie, la prochaine participante le charriera avec son joli coeur d'enfant en me disant: "C'est vrai, il est incorrect." Je relevai: "Mais correct". "Il est plus incorrect", soutint-elle. Enfin, Pablo a déclaré l'ampoule allumée. Ampoule avec laquelle il s'amusait, mais sérieusement. Crédule à fond, comme un enfant, il pensait qu'elle allait s'allumer réellement, extérieurement, alors il cherchait sur quelle partie de son corps la connecter. Il me dit avec quelque peu de dépit qu'elle ne s'était pas allumée. Alors je dus lui expliquer, et il me dit qu'il n'avait pas compris que c'était un accessoire et que c'était à l'intérieur de soi que cela devait s'allumer, si la chanson qu'il avait tiré était la bonne, et il me conseilla donc de préciser aux participants. Vu comme il reprenait en choeur le refrain et les commentaires de son ami, il n'y a pas lieu de douter une seconde que l'ampoule s'est "allumée"!

La charrieuse s'appelait Céline. Très charmante, attendrissante et pétillante par ailleurs. Et c'est elle qui fut la seconde candidate. Elle tira Papa tubes, titre qui la fit rire, et la chanson pas moins. Bien que de nature assez discrète, surtout en compagnie de ses amis, elle était tour à tour absente et présente (spatialement éloignée ou proche, franchement à l'écoute et participante. Elle déclara l'ampoule allumée.

Le troisième participant, espagnol, avait un nom que je ne pouvais identifier et transcrire contrairement à Pablo. Il tira... Miel! Étonnant choix, c'est la troisième fois que cette chanson est tirée, mais la première fois par un homme. Je prévins que c'était une chanson romantique. Et notre Céline, petite parisienne, releva tout de suite: "C'est bien pour lui, il est romantique!". Je lui chantai, je ne savais pas qu'il ne comprenait pas les paroles, mais, debout, il s'amusait beaucoup avec Pablo; je le vis un moment donné avec l'ampoule tenue droit sur la tête; ils échangeaient des mots en plaisantant, semblait singer le romantisme de la chanson et son air si "mielleux", sans moquerie, et imaginer les paroles, se faire une traduction spontanée. Céline se proposa de lui traduire, mais ça sembla trop dur dès le premier vers: "Ton doux nom brûle mes lèvres"... Comment traduire "brûle"? Elle laissa donc tomber. L'espagnol ne comprenant goutte déclara l'ampoule allumée.

A un moment donné, je crois que c'était avant que je fasse le jeu, j'avais une dizaine de jeunes assis devant et à côté de moi, pour écouter de mes chansons: Je commençais par Ma Crise. Mais, comme je suivis le conseil de l'ingénieur de son par l'utilisation du médiator, on m'arrêta: Pablo! qui me  demanda quelque chose de plus doux. Ce fut une surprise, moi qui avait des à priori pour chanter à la jeunesse une chanson comme La Vague, je les enveloppai dedans et ce fut un triomphe! Le bavard Pablo allait de ses louanges: "Là OK. Super. Magnifique."  Sacré troubadour fut tout aussi bien reçu (Pablo reprenant le "Allons pour la joie"); Célesta de même. Plus tard, Céline me demanda à voir mon cahier de chants, celui que je n'utilisais pas présentement, et elle demanda Let it be. Quand elle vit du Brassens, on me demanda de toutes les faire. On regretta que je n'ai pas parmi celles-ci Les Copains d'abord et La Mauvaise réputation. Au final, je ne fis que Toi l'auvergnat qui fut entonné en choeur. Puis Céline, sa curiosité aiguisée, me demanda de chanter Ne me quitte pas en amérindien...

Quand je partis pour me coucher, je dis au revoir et j'entendis le technicien du son dire: "Il chante comme un dieu!". Une fille allongée, assoupie, langoureuse, déclara mignonnement: "Lui, c'est mon ami..."

 

Du Parvis de Notre-Dame à la Préfecture, et de la Préfecture aux Champs-Elysées.

 

Je décidais d'aller chanter sur le Parvis de Notre Dame. Je m'installai prêt d'une clôture, à côté de la file d'attente des visiteurs. Un gardien me demanda de m'installer plus loin, sur la place. Ce que je fis. Je me plaçai en face du tympan, à quelques mètres d'un cercle célèbre, placé au sol, dans son alignement, rêvant de me mettre au milieu, mais il devait pouvoir être vu des touristes. Là, je chante quelques chansons. La Première: You are the one for me. Je vois beaucoup de japonais, dont un papa et son enfant qui vient me déposer une pièce en souriant. Son père est plus observateur, méfiant, surtout en entendant Systèmes. Peut-être comprend-il le français ou l'esprit de la chanson se communique à lui (comme à d'autres) et il s'éloigne avec son enfant. Soudain, je vois devant moi deux policiers (un homme une femme) qui me disent qu'il faut une autorisation de la préfecture pour chanter dans les rues de Paris en faisant la manche. J'encoure sinon 6000 euros d'amende plus 6 mois de prison!... Cool! Il est où Quasimodo, qu'il leur file un coup de cloche sur la tête et qu'ils laissent le troub'amour tranquille! J'obtempère et plie mes gaules (la queue entre les pattes). Ne comprenant pas. L'amour donné et l'âme partagée troubleraient-ils l'ordre public? Je leur demande où est la préfecture, puisqu'il faut une autorisation préfectorale, et que je compte l'obtenir dans les minutes qui suivent. On me fait signe, juste là, face à Notre-Dame! La belle aubaine! Trop de chance, troub'amour! Il y va et à l'accueil un homme noir et un homme blanc. On fait passer sous le radar mes affaires, avec gentillesse. Je me poste à l'accueil et fait ma demande. On me dit qu'il faut écrire une lettre demandant une autorisation, en précisant où je veux jouer, à quelle heure, et combien de temps. Comme ça t'es bien contrôlé, mon gars. Non mais tu croyais t'en sortir comme ça avec tes chansons subversives sous airs simplets? C'était un peu genre que ça faisait dans ma tête, si vous voyez ce que je veux dire. Non, franchement, elle a été très gentille la dame préfectorale avec moi. Elle m'a même donné l'adresse où écrire. - Et alors, il faut attendre combien de temps pour avoir une réponse? - Oh, il faut bien plusieurs mois. Je lui aurais bien dit: il vous faudrait pas par hasard les adresses de mes blogs que vous épluchiez tout ça? Oh mais, c'est pas un mois qu'il va falloir, mais au moins un an! Mais, équipez comme ils sont, ils doivent bien pouvoir avoir accès à toute ma vie privée, à mon ordinateur, rien qu'en sachant mes coordonnées! Toujours est-il que je l'ai dans le baba pour ne pas dire ailleurs. Je retourne à l'accueil et ils sont, eux, plus cool: à les entendre, mes deux képis, ils ont voulu me fiche la trouille et jouer leurs gros boss. - Nan, vous inquiétez pas, monsieur, on ne va pas vous causer de problème pour ça. Vous pouvez allez chanter tranquille au métro ou même aux Champs-Elysées! Non, mais faut vous entendre, ai-je envie de dire. En tout cas, ils sont bien sympas, ils étaient limite à me demander de jouer un morceau, par ce que j'ai crus comprendre d'une parole, d'un sous-entendu. Je n'ai pas saisi la perche, j'en suis sûr qu'ils auraient accepté avec joie!

Alors, je réunis les deux morceaux opposés en me demandant ce que ça peut vouloir dire. Et je n'ai trouvé pas mieux que: deux pékins me guident vers la préfecture qui elle, à travers son gardiennage métissé, me guide vers deux endroits: le métro et les Champs-Elysées. Un jeune, il y a quelques jours (le compagnon de celle qui me donna 10 euros je crois) m'avait avec une mine très sérieuse déconseillé cet endroit trop friqué où je serais à coup sûr jeté à coups de "Dégage, clodo!" Mais manifestement, c'est un à priori. Si tu veux passer chez Drucker, t'as pas d'autre choix que d'aller aux Champs-Elysées, mon troub'amour!

Je décidai d'aller tenter le métro. Oh là là, comme diront Damien et son ami à qui je racontais mes "mésaventures" (ma chronologie a quelques défauts), si on me prend à jouer là, c'est quoi, c'est la corde?... Ils étaient outrés ("Interdire de chanter!...  Tu fais rien de mal. Tu donnes de l'amour"), mais, tout comme les préfectoraux, ils ne prenaient pas au sérieux les deux képis. Enfin, j'allai me poster à proximité d'une bouche d'ombre (Hugo aurait adoré!), à l'angle d'une intersection. Pas une pièce en une heure!  Pas une personne qui s'arrête pour écouter. Faut dire aussi qu'à l'heure où j'ai chanté, y avait pas foule!

J'étais tenté d'enchaîner par les Champs-Elysées. On était vendredi, j'avisai qu'il suffisait que je me pointe dans l'après-midi du samedi, que je chante dans le boulevard, et hop, je suis repéré, non par un flic, mais par Michel Drucker en personne, passant comme par hasard par là. Il paraît qu'il lui arrive d'y planter sa tente, même, aux Champs-Elisées élus de son coeur. Bref, Michel Drucker est raide dingue-fan-amoureux fou de mes chansons et m'invite illico pour l'émission du soir! A moins que ce soit pour « Vivement dimanche »! Ce dimanche. Voire dimanche prochain...

C'est pas vraiment ce que j'imagine, mais que je sois repéré, ça je l'attends, oui. D'autant plus que... faut raconter ça quand même. Les signes vont s'accumuler pour me convaincre que ce sera le grand jour, après trois nuits passé dehors. Ouais, comme Jésus après trois jours dans son tombeau. J'avais entendu de la bouche de parisiens que les parigos, ils leur fallait du temps pour accepter, adopter l'étranger. Vu sa sympathie avec moi, j'avais tout l'air d'avoir mes chances. Donc, j'avais passé l'épreuve, - hourra! Et demain le jour J. Et pour me faire encore plus croire, voilà que le soir, au concert Fnac-Live, y eut cette rencontre d'une française noire africaine qui me fit tomber sur le cul en me disant son prénom après s'être enquis de comment j'allais (elle devait me voir fatigué); elle s'appelait du même prénom que celle que j'espérais revoir en allant à Paris et me dit qu'elle me comprenait: les filles s'appelant comme elle s'appelle sont très attachantes, et que ça s'arrangerait côté famille... Je lui donnai l'adresse de mon blog. Elle me dit qu'elle irait voir. Je lui laissait aussi mon e-mail, mais sur le point de donner mon numéro de téléphone, il y eu diversion. En tout cas, elle me dit qu'elle avait plein de potes musiciens qu'elle aimerait me présenter. – Cool!

 Tout se présente pour le mieux, mes ami(e)s. Le lendemain, c'est confirmé. Mon ticket semblant périmé, une jeune femme de derrière le guichet finira par m'en offrir un! Je vais au musée. Mon ami rappeur qui y travaille me redonne mon harmonica et me remercie encore pour la veille. Comme je cherche des toilettes publiques (c'est un souci régulier et ça ne court pas les rues), on me guide, et là, un petit bout de femme, pimpante, attend devant moi. Soudain, je sors mon harmonica pour le tester, et la femme le voyant est ravie, s'extasie et m'invite à jouer; je joue deux minutes et elle me donne illico deux euros ! Ensuite, elle me demande si je désire un sandwich. "Je dis pas non". Enfin c'est ce que je fais comprendre dans mon bad english. Elle m'apprendra qu'elle est brésilienne venant régulièrement voir une amie à Paris dont elle est amoureuse (de Paris, je précise !). Elle s'appelle Maria-Graziella. Elle m'emmène dans un magasin et me laisse choisir, non pas un mais deux sandwich. Ensuite, elle me dirige vers la laiterie et je pointe mon doigt sur un yaourt « 25 % en moins de matière grasse ». En balayant du regard mon corps de haut en bas, elle me dit: "No! Toi, il te faut du gras!" (en anglais évidemment) J'ai compris. Je la remercie chaleureusement, une fois qu'elle a payé à la caisse (le caissier étonné de la scène), je l'embrasse sur les joues et file avec mes présents alimentaires sur un « Be happy! » (sois heureux!) de la part de ma superbe mamie Nova du brésil aux yeux brasillant de bonheur. Là c'est sûr, les Champs-Elysées c'est dans la poche. Le podium m'attend!

– Et alors? Raconte, c'était comment les Champs-Elysées ?

Bah voilà. Je raconte. Je descend je crois au Trocadéro. En tout cas, il y a une grande place ouverte sur un panorama grandiose sur la route des "bains" ou "bacs" menant à la Tour Eiffel. Est-ce la place du Trocadéro? En tout cas je m'y installe au milieu pour chanter face à la tour Eiffel, beau symbole de verticalité que l'humanité doit retrouver, je trouve. Je chante La Vague, puis Le Prince. Il me semble remarquer qu'en général, les gens ne m'approchent pas, un large cercle vide semble se faire autour de moi. Est-ce que je rêve? J'ai eu peut-être cette impression ou vision à un moment donné. Je sais que certains sont aussi passés à côté de moi. Mais personne pour manifester de l'attention. Je pourrais croire que les touristes étaient là pour autre chose, mais quand j'entendis après des applaudissements derrière pour une diva chantant, je compris que non.

Cela fait, j'allai en direction des Champs-Elysées. Au passage, je trouvai un restaurant devant lequel je m'installai. Le patron ne refusa pas, mais me dit juste de reculer d'un ou deux mètres. Par contre, La Vague, ça dû leur faire un effet au patron et ouvriers que je voyais tout drôlement me regarder. Alors que des touristes anglais s'intéressaient à moi et que j'étais prêt à leur montrer ma boîte magique à chansons, le patron croyant que c'était mon chapeau me fit comprendre de le faire circuler et de partir. Pensant le rassurer, je lui dis que c'était un jeu, lui montrait ma boîte. Il vit les petits papiers et me dit de partir. C'était ferme et catégorique. J'avais mis le feu à leur baraque intérieure, semblait-il.

 On a très peur. Le monde est en train de basculer vers des valeurs plus humaines et respectueuses, vers un monde où c'est l'amour qui règne; et ça fait très peur à ceux attachés à celle de ce monde: l'argent! Et le pire pour eux, c'est qu'ils ne peuvent rien faire pour stopper ce basculement. Ils ne peuvent pas arrêter Dieu dont je suis un humble représentant pour ne pas dire serviteur (ça fait peur...).

 Après cela, je marche à nouveau vers les Champs-Elysées, je débouche du côté de l'Arc de Triomphe. Je vois aussi l'immensité du boulevard des dieux... J'avais envie de chanter à l'Arc de Triomphe, mais l'accès était payant. Je me place donc sur trottoir gauche du boulevard des boulevards pour chanter encore La Vague. Je désire chanter La Vague, elle seule, à chaque café. Je me dis que ça suffit, vu son effet; n'allons pas faire du trop rentre dedans avec une chanson comme Systèmes. Nous ne sommes apparemment pas au royaume de l'Âme et de l'Amour! Je chante au milieu de piétons semblant indifférents. Je chanterais dans mon champ que je ne verrais pas de différence, sinon le bruit... Que c'est ingrat comme mission! me dis-je. Et pourtant, je reste centré, je m'en fous du reste. Eh! de quoi avais-tu peur? C'est comme si t'étais pas là. On ne te juge même pas. T'es dans ton âme, et les autres errent dans leur monde matériel illusoire et éphémère, sans prêter attention, – ou leur âme gravite t-elle autour de la mienne sans qu'eux ni moi on s'en aperçoive?

Décidé pour faire ma tournée des cafés et restaurants, je commence par la chaussée d'en face. Côté droit. Car bien que gauche et gaucher, je suis là pour ce qui est droit, me dis-je, à l'image des Champs-Elysées. Et comme je n'aurais sans doute pas le temps de tous les faire! Je laisse tomber le premier restaurant, trop barricadé. Proximité impossible avec le public. Je m'arrête au deuxième, là il y a une terrasse, et je peux être dans la proximité des gens.

Je m'installe, sans pupitre. C'est l'avantage de La Vague par rapport à d'autres chansons que je maîtrise mal sans support écrit. Je n'ai pas grand souvenir de cette séance.

Je m'installe à un prochain restaurant, le long de la terrasse clôturée. Un garçon vient vers moi avant même que j'ai commencé et me dit, très cordial, désolé, qu'il n'est pas possible que je chante ici. Le patron ne veut pas. Je lui dis qu'il n'y a rien de mal à chanter, que son patron a un drôle de système, qu'il faudrait que ça change... Le garçon, avec de la sympathie dans le regard, me dit qu'en effet ce n'est pas le même système. Il m'invite à me poster plus loin, après le restaurant. Je me mettrais tout au bout, mais à côté des dernières tables. Il revient me voir alors, et tout aussi gentiment, avec en plus quelque chose dans son regard qui dit: "Ah toi, t'es malin, c'était bien tenté!" et me déclare qu'il faut encore aller plus loin, là, à côté de l'arbre, de façon que le patron ne puisse pas dire que je chante pour ses clients, mais pour les piétons.

Je continue mon avancée dans les Champs et trouve la terrasse d'un café fort sympa. Là, je trouve une place adéquate pour chanter. Toujours à côté des tables du bout, et là personne ne me dit rien. Des anglais sont à côté. Quand j'ai fini La Vague, tandis que je plie bagage, une très belle fillette de 5 ans environ - yeux bleus, cheveux blonds - me donne une pièce de dix centimes, avec un regard d'ange heureux. Je la remercie chaleureusement, mais me dit: "Quand, même, si ça vient des parents, c'est un peu radin!" J'en ris dans ma moustache. Mais bientôt, sa soeur aînée, âgée de 8-10 ans, toute aussi belle, me donne une pièce de deux euros. Je la remercie tout pareil, mais avec un "Ah, quand même!" intérieur, et avant de continuer ma tournée, salue enfants et parents en les remerciant encore. Je me suis dit après que chacun des enfants avait sa tirelire proportionnelle à son âge, et que c'étaient les enfants, d'eux-mêmes, qui avaient pioché dedans.

Je chanterai La Vague une quatrième et dernière fois à un autre café, où les garçons sont en tenue de marin. J'en profite pour me changer dans un coin et mettre mon polo marin, pour mettre mes chances de mon côté pour être mieux accepté qu'à certains endroits: c'est la loterie aux Champs-Elysées. Mais on est loin du "dégage clodo!"...

Donc je leur ressemble, aux garçons, à l'exception du chapeau pas du tout pareil, et je me place en bout de terrasse : celle-ci protégée par une clôture, mais les clients peuvent entendre, ça va. La tablée attenante à moi est constituée d'un groupe de copines, assez huppées, je dirais.  A leur réaction, j'ai compris au début que je chantais trop fort, qu'ils ne s'entendaient plus. J'ai donc reculé. Une demoiselle vis-à-vis de moi a un physique attrayant, et quand je leur adresserai la parole, c'est vers elle que mon regard se tournera, bien que comme les autres, je l'ai vu un peu irritée et moqueuse. Elle fait très superficielle. Quand, à la fin, je demandais si c'était mieux, c''est elle qui me dira que la chanson était trop triste. Était-ce que perclus de fatigue ma voix manquait du soleil qu'une amie me conseillait d'avoir en la chantant? Je lui dit mon désaccord, les paroles n'étant pas tristes, que c'était juste une ballade romantique, et je leur propose de faire une autre chanson, plus gaie. Et je chante Swing d'un amoureux. Lorsque je demanderai à la fille si elle préférait, elle déclarera: "Je n'ai pas écouté". J'ai compris que je n'étais pas le très bienvenu, et suis parti, – restant sur cette prestation. Rive gauche, enfin devenue rive droite à mon demi-tour, j'ai bien repéré des cafés-restaurants à possibilité, mais j'étais trop fatigué, j'en avais assez fait.

 Et non! je n'ai pas rencontré un Drucker, un Ruquier pour m'inviter à leur émission pour leur faire une séance notamment de la boîte magique à chansons!

 

Derniers moments dans le retour en vue:

Il était vers 19 h. C'était trop tard pour voir Dick Annegarn au Fnac-Live, d'ailleurs, la salle devait être au complet. Je décidais tout de même de retourner au Fnac-Live, sur le parvis de l'hôtel. Bon, c'était programmation rap, c'est pas ce que je préfère, mais je suis resté pas mal de temps avant d'être gavé et d'aller dans un café. Au bout d'un moment, je demandai si c'était possible de chanter. Le patron refusa, genre pas très sympa dans le ton et l'attitude.

J'allai passer ma dernière nuit – petite à cause de la pluie – , sur les lieux du festival. Là au moins il y a un pissoir à côté. J'aurais pu prolonger l'alignement repéré de SDF, une vingtaine couché sous un abri de bâtiments administratifs, mais je ne voulais pas. Moralement pas possible pour moi de me mêler à cette misère, de m'y associer. J'avais eu des mises en garde, et je ne voulais pas prendre ce risque d'être dans un contact qui pouvait s'avérer contagieux, à tout le moins pas positif, et j'étais déjà assez bas moralement, décidé à partir le lendemain en train - tant pis pour Bernard Lavilliers! De toute façon, la richesse de mon séjour est dans les rencontres que j'ai faite. Le Fnac Festival était un contexte choisi, et je ne serais pas venu si c'était pour les concerts.

Il y aura vers 5 heure du matin, sous le porche d'un café, cette rencontre brève de deux jeunes, un gars et une fille, celle-ci semblant chercher à remonter le moral à son ami, et que j'entendais parler de l'autre côté du porche. Le gars me dit qu'il était un pessimiste, mais ce qu'il dit par ailleurs me fit dire: "En fait, t'es un optimiste dans le pessimisme". Il me dit: "Toi, t'es dans la justesse. C'est la plus belle parole que j'ai entendu de la soirée!"

Voilà la dernière petite rencontre mémorable que je fis.

 

Bilan et remerciements:

Bah, primo, je n'aurai pas revu ma belle! Deuxio, celle rencontrée du même nom ne m'a pas donné de nouvelles (pourtant, il y eut une visite de Miel au lendemain, je le verrai à mon retour); tertio, je n'ai pas conquis Paris...

MAIS, oh grand mais! j'ai semé quelques graines, et c'est déjà ça. Paris a eu la visite d'Aube de l'Étoile. Après, ce que ça donnera, Dieu seul le sait. Et, en dépit des déceptions et de la galère sur place, toutes les rencontres formidables que j'ai faite ont enrichi mon âme - j'ai vécu une riche expérience qui m'a fait emmagasiné pas mal de souvenirs faisant chaud au coeur et dont j'ai tenu à laisser trace.

Salutation à tous les petits parisiens et petites parisiennes qui m'ont fait goûter à travers leur coeur la magie de Paris. Merci à eux et aussi à Maria Graziella, à Médie pour un service rendu notamment, à celle qui m'a offert un ticket de métro, et à mes anges gardiens... (car paraît-il que je suis protégé). Merci Dieu, merci la Vie!

A quand ma prochaine visite à Paris? En attendant, j'ai écrit une chanson: "Troub'amour à Paris" qui ne devrait pas trop tarder à être publiée; mais là je suis en convalescence, ma voix est prescrite au repos.

                   Aube de l'Etoile

 

Troub'amour à Paris

 A Paris je suis allé - olé olé

Comme en mission, faut pas rigoler

Pour chanter mes chansons

Ca va, c'était pas en caleçon.

 

REFRAIN.

Ris pas, ris pas, Paris

Moi provincial troub'amour

Voulant conquérir Paris

Fou pari

Refaisons un tour!

 

Quatre nuits passées dehors - olé olé

J'ai peut-être pas assez demandé

Moi qui pensais être invité, dormir à l'abri

J'l'ai failli parmi les rats de Paris

 

REFRAIN.

Ris pas, ris pas, Paris

Moi provincial troub'amour

Voulant conquérir Paris

Fou pari

Refaisons un tour!

 

J'pensais revoir ma belle, olé, olé

Que chi, vous m'en voyez bien désolé

Pourtant m'a causée une du même nom

J'vis le signe sûr, bien qu'marron...

 

REFRAIN.

Ris pas, ris pas, Paris

Moi provincial troub'amour

Voulant conquérir Paris

Fou pari

Refaisons un tour!

 

Chantant à Notre-Dame - olé olé

Képis, homme et femme, m'en ont fait allé

J'risquai quand même la prison

En un autre siècle, c'eut été la pendaison...

 

REFRAIN.

Ris pas, ris pas, Paris

Moi provincial troub'amour

Voulant conquérir Paris

Fou pari

Refaisons un tour!

 

Dirigé vers la préfecture - olé olé

On a contredit les policiers

J'pouvais aller aux Champs-Elysées

Aucun problème - sans risée

 

REFRAIN.

Ris pas, ris pas, Paris

Moi provincial troub'amour

Voulant conquérir Paris

Fou pari

Refaisons un tour!

 

Et j'y ai chanté de café en café olé

Après l'avoir fait devant Eiffel ohé

J'pensais être repéré et invité à la télé

J'me pensais guidé, faut pas rigoler!

 

REFRAIN.

Ris pas, ris pas, Paris

Moi provincial troub'amour

Voulant conquérir Paris

Fou pari

Refaisons un tour!

 

Mais de grands moments, j'en ai vécu, olé

Même si au bout de quatre nuits plein j'en eu...

J'ai vu Paris misère, mais aussi Paris magique

Avec une jeunesse magnifique

 

REFRAIN.

Ris pas, ris pas, Paris

Moi provincial troub'amour

Voulant conquérir Paris

Fou pari

J'reviendrai un jour!

Moi l'troub'amour

Avec une chanson simplette et pleine d'humour

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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