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Aube de l'Étoile - auteur-compositeur-interprète de l'Âme et de l'Amour
Aube de l'Étoile - auteur-compositeur-interprète de l'Âme et de l'Amour
  • AMATEUR auteur-compositeur-interprète de chansons française, romantiques ou humoristiques sur la vie. Chante aussi les poètes célèbres (Rimbaud, Nerval, Baudelaire) ou inconnus (Joëlle Eymery). Fais quelques reprises de chansons anglaises (U2) ou fr
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8 mai 2014

Ma Biche d'or (rapport écrit de mon expérience au concours national de chant)

MA BICHE D'OR

 

I

Ah c'est un chouette concours de chanson, la Biche d'Or!

Comptant parmi la trentaine de candidats auteurs-compositeurs-interprètes (catégorie ACI), j'espérais gagner le trophée: une jolie biche sculptée (par un sculpteur, faut-il préciser), demoiselle toute élégante et toute cambrée sur deux pattes, mais c'est surtout ma biche de vingt cinq ans, rencontrée à des obsèques et pour laquelle j'eus le coup de foudre - apparemment non réciproque, l'incertitude laissant cependant toute latitude à l'espérance et l'imagination - qui me fit vivre cette aventure, - et déjà je me voyais sur le podium gagnant, premier prix s'il vous plaît, pour La Vague - elle, ma petite chanson de choix - mon petit chef-d'oeuvre sculpté dans le sel de la mer et de l'amour; oui, je l'avoue, je me voyais dédier mon trophée ainsi: "A ma biche d'or". Et ainsi ma bibiche allait-elle accourir à moi et m'embrasser, accepter ma main - tout concourait dans ma tête, tout semblait y concourir au dehors.

 Aïe aïe aïe. Ce n'est pas du tout ce qui arriva.

 Prévisible, me dira t-on. L'expérience semble parler. Sagesse.

 Imagination, ô folle, disait le poète. Mais un instant, toi, spiritualiste, tu dis que tout ce qu'on imagine n'arrive pas?

 Heureusement que tout ce qu'on imagine de pire n'arrive pas. On regrette cependant que tout ce qu'on imagine de plus beau n'arrive pas non plus.

 Entre parenthèse, j'ai beau essayer ne plus imaginer, je n'y arrive pas - "tare" d'enfance. J'imagine le futur, ce qui va arriver, ce que je désire qui arrive (et sans ce principe là, adieu romans et films!) Impossible d'y échapper. Je vais me concentrer sur le présent (méditer), mais tôt ou tard, la pensée pointe et je suis pris par elle, attirance naturelle de la guêpe pour le sucre. Et que voulez-vous, je suis né prématurément, mis dans sous bulle pendant deux semaines où je ne pus qu'imaginer être dans les bras de ma maman et aussi comment c'était le monde sans voile entre moi et lui. Alors, jugez-moi après ça! Allez-y sous une bulle pendant deux semaines, ça va vous faire tout drôle! Vous allez voir si pour survivre votre imagination ne se ferait pas galopante!

 En plus, de ce qu'on aime - le beau rêve, contrairement au cauchemar -, on ne cherche pas à en sortir; on veut en savoir plus; l'imagination, c'est une façon de vivre ce dont on rêve. C'est un présent virtuel, mais bien présent quand même. C'est une réalité virtuelle que l'on vit au présent dans une projection de l'esprit et qui donc nous semble tout à fait réelle. On y croit, comme dans un film.

 Mais bon sang! Là, j'ai imaginé tout ce qui pourrait arriver dans les limites du plausible. J'ai imaginé être gagnant, être perdant; j'ai imaginé voir ma Biche d'or, ne pas la voir, que vous faut-il de plus? Tout ce que j'ai imaginé de plus beau n'a pas eu lieu - oui, que même, elle serait là pour me voir, ma biche ; certes, c'était là improbable mais pas impossible - l'impossible n'existe pas tant que le possible n'est pas fini: et si on lui avait appris que je faisais ce concours, ou qu'elle l'ai su par je ne sais quel moyen ou qu'elle se trouvait là par hasard? J'ai même été jusqu'à imaginer qu'elle pouvait faire partie des candidates, puisqu'elle faisait du piano...

 J'ai imaginé tout l'opposé; bingo!

 Donc, dire que tout ce qu'on imagine n'arrivera pas est foutaise. Il faut préciser: pas comme on se l'imagine en film. Mais il est évident que sans même rien imaginer, il serait arrivé soit ce que j'espérais, sois ce que je redoutais. Et est-ce dire que tout ce que j'ai imaginé serait arrivé si je ne l'avais pas imaginé?

 Trève de philosophie.

 Voici dans les pages suivantes, tout ce que je vécus - consigné comme dans un journal de bord - depuis le départ de chez moi pour le concours jusqu'à mon retour - toutes choses que, je dois l'avouer, je n'avais pas imaginé.

 Pour être frais dispos, je suis parti la veille. Mon train réservé pour le premier mai, une très chère amie m'avait en quelque sorte coachée en m'offrant un petit bouquet de muguet de son jardin et en me disant que c'était un porte-bonheur. Du coup, quand je l'ai offert à ma mère qui m'emmenait à la gare, j'en ai gardé un brin, qui a servi de marque-page, mais qui a vite fané dans le train...

 Si mes pensées fanaient aussi vite! Je partais avec trois objectifs. Enfin, deux objectifs et un grand rêve. Le rêve des rêves.

 Le premier objectif était, vous le savez, de gagner le premier prix: 700 euros. Je partais déjà avec un trou sur mon compte et plusieurs loyers et factures en retard, alors train plus hôtel, ce n'était pas du luxe de gagner. Je vous garantis que j'aurais préféré mettre cette somme dans une nouvelle guitare, une de gaucher qui plus est!

 Mon deuxième grand objectif était d'être remarqué par un producteur - même si je ne gagnais pas, cela restait possible. Je voulais m'envoler artistiquement. Mais attention, pas à n'importe quel prix. Je voulais rencontrer le producteur qui serait fait pour moi et pour lequel j'étais fait; un avec qui je sois dans la même longueur d'onde question objectifs: spirituels avant matériels. L'humain et l'art avant l'argent. Exigeant, l'bonhomme!

 Et mon grand rêve, vous le connaissez: gagner le coeur de ma biche d'or. Un rêve que je plaçais même sous le signe de l'immédiateté puisque je la voyais présente lorsque je chanterai. Présente, elle le serait de toute façon dans mon coeur et mon esprit, dans mon âme.

 J'étais donc dans le train, direction Cenon (ça me fait pensé qu'interviewé, je voulais dire: "La Biche d'or, il est beau ce nom"; de même que: "c'était pas la mer à avaler, juste la Vague!") Enfin, bref, ce voyage fut long et fatigant. J'ai tout de même réussi à finir le premier acte du Malade imaginaire de Molière.

 "Assurément!" "Sans doute!" "Cela est sûr"! On reconnaît Molière à ses courtes répliques, celles de tel personnage aux questions de tel autre. C'est d'un comique! Surtout dans le XVIIème polichinellien!

 Dire que Molière est mort sur scène lors de la quatrième représentation de cette dernière pièce de sa vie. Fin qu'il avait imaginé? Et moi, je me disais: "Quelle belle fin!" Oh non, je ne désirais pas mourir sur scène. Faudrait être malade de vouloir ça quand on est amoureux. Quoique si ma dulcinée était là et que j'avais un arrêt cardiaque en la voyant dans la salle, tout devant, admirative, amoureuse, tout sourire... quelle belle fin quand même! Quoique j'aurais préféré l'embrasser et vivre un doux et grand amour avec elle.

On quitte Molière, puisque le train est arrivé à Cenon. Avec un retard d'une heure de ma correspondance: cadeau de premier mai! Sans blague, ce fut vraiment un cadeau. Il n'était pas de voir une plus grande ville que je me l'étais imaginé. Le cadeau, ce fut que la deuxième personne  à qui je demandais la direction de la salle de Marègues était une jeune femme française d'origine maghrébine (ou indienne?) fort jolie. Une que j'aurais bien prise dans mon lit. C'est ce que je pensais, printemps aidant - avec ma nature d'homme n'ayant pas fait l'amour depuis deux ans!

 Je vous vois penser: "Ah oui, c'est comme ça qu'il aime sa dulcinée?!"

 Pas si vite. Je ne le lui ai pas proposé. "Un peu de retenue...", me suis-je dit. Na. Ah ça vous en bouche un coin. Mais quand bien même cela aurait été! Ah je regrette presque maintenant. Avant de monter sur scène, ça gonfle à bloc! Il se peut aussi que cela m'aurait troublé, me faisant trembler comme une feuille sur scène, cafouillant... Quoi qu'il en soit, le rêve d'un futur pèse moindrement face au présent parfois... Mais bon, j'y croyais suffisamment à mes rêves, surtout. Je voulais rester crédible, pour ne pas dire fidèle. C'est dingue! Alors que je suis fixé sur ses sentiments (mais par ouïe-dire que je mets en doute!...)

 N'empêche, cette demoiselle charmante et très sympa, eh bien elle m'a bien dépannée. Elle m'a emmenée en voiture à l'hôtel, qui était bien loin; avec tous mon chargement. Je lui ai dit que... non pas que j'aurais bien... mais que finalement le retard du train était un cadeau. Elle m'a dit que la vie faisait parfois bien les choses. "Parfois", marqua t-elle.

 Peut-être que si elle n'avait pas été en jogging, je n'aurais pas résisté à la proposition. Je devinais des formes aguichantes. Merci jogging. Enfin, je le dis vite avant de passer à la suite de mes aventures spirituelles.

 Je voudrais quand même ajouter: heureusement aussi que j'avais une reproduction en grand de ma biche d'or en page de garde de mon cahier de chansons. Son divin sourire me suivait partout. Finalement, c'est elle qui m'a dissuadée sans que je m'en aperçoive.

 Donc, j'arrive à l'hôtel, vais à l'accueil. Pas de bol, la réceptrice me dit qu'il n'y a plus de chambre libre à 38 euros. Mais au moment où je m'inscris quand même pour une chambre plus chère, ayant dit mon nom et prénom, elle se ravise en déclarant que finalement il en restait une, une de chambre à 38 euros. J'étais euro... euh... heureux. Bizarre, quand même! C'était comme si j'étais une célébrité, que quelqu'un avait réservé une place pour moi, à mon insu. Et dans la famille "Bizarrerie", voici la carte "Vous ne pouvez dormir qu'une nuit ici à ce prix-là; les prochains jours, c'est complet: y'a un groupe de portugais."

Je n'en revenais pas. Je me suis dit: "Ce n'est pas un hasard; c'est qu'après je vais être invité par une personne..." J'aurais bien téléphoné à ma charmante demoiselle pour lui dire que la vie était décidément plus que parfois bien faite (Pour moi. Cela était évident) Et puis que... "Allons, oublie. T'es fatigué, tu t'endormirais dans les bras de Morphée avant que t'aies pu..."

 Pas si fatigué que ça, j'ai un peu regardé la télé. Que des nazeries. En zappant, je suis tombé sur une chaîne que je ne connaissais pas (y'en a tellement, je me suis toujours cantonné à sept...), et c'était une émission de téléréalité où des candidats prenaient le risque de se faire bouffer par un requin ou un crocodile. Y en a qui ont de ces rêves! Ou il faut être prêt à risquer sa vie pour se sortir d'un pétrin financier... "Comment est-ce possible?" me suis-je dit estomaqué. Fiction ou réalité? J'ai vite zappé, puis éteind.

 Je suis, là, chez moi, tranquille. Pendant que j'écris sur mon balcon ensoleillé, j'ai droit à un concert de grenouilles à tue-tête gratos. N'empêche que c'est mon coin de paradis, vraiment. 

- Vos gueules, les mouettes!

 Bon alors. Oui, à l'hôtel, j'ai bien dormi, pris dans mon lit entre une image toute fraîche d'une jeune femme quittée il y a quelques heures et celle devenue plus lointaine - malgré la photo...- après trois mois sans la voir. Trois mois bien éprouvants. Ah je ne vous explique pas le concours! Ma biche d'or a gagné de justesse!

 Le matin, au moment où je me suis présenté pour prendre le petit déjeuner à l'hôtel, c'est un homme qui m'a accueilli - et que pensez-vous qu'il m'ait dit? "Bonjour"? Non. Enfin, pas que. Il me nomme par mon nom de famille en disant monsieur et en le tournant sous forme interrogative. "Vous êtes...?"

"Oui", je réponds. "Vous êtes connu, fait-il alors, me laissant sans voix, mais pas sans sourire. Est-ce réel ou le fruit de mon imagination? En tout cas, je n'aurais jamais imaginé cet accueil de rêve!

 Ca promettait pour la suite.

 Après avoir pris une douche, m'être rasé en m'écorchant trois fois (au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit - les stigmates étaient bien placés), après avoir vaguement répété La Vague à la guitare sans trop forcer à cause de mes tendinites et pour ne pas que des candidats entendent ma chanson de concours (j'ai quand même à part elle chanté Ben de Michael Jackson et Miel, une chanson d'amour inspirée par ma biche d'or; ma petite abeille dorée devrais-je dire ), oui, après ça, je suis parti manger dans un fast-food avant de partir en quête de la salle de Marègue.

 Quand j'ai vu le bâtiment annoncé par deux effigies du trophée de la Biche et l'inscription La Biche d'Or; oui, quand j'ai vu le site et son environnement, ça m'a fait tout drôle. Ca contrastait avec le côté classe du nom du concours et son trophée. ça faisait très préfabriqué, le bâtiment. Morne. De fait, c'était une salle de sport. Quoique j'ai vu mieux dans le genre. Et pour parachever ma déception, je vois à côté d'une usine éléphantesque avec d'énormes tuyaux métalliques - tronçons de trompes imbriqués, sortant de nulle part et servant à je ne sais quoi. "C'est là le concours?" me dis-je halluciné. C'est comme si t'avais le plus bel opéra du monde construit juste à côté d'une déchetterie ou d'une tannerie. Bon, là, ça puait pas, heureusement! J'avais imaginé mieux quand même! Et j'imaginais mal ma bibiche d'or venir ici, et peut-être encore moins des producteurs.

"Le plus ancien concours de France - bien avant la Star Ac! Plus de trente ans que ça existe! C'est le meilleur concours!" Tels sont les mots d'une personne que j'avais eu au téléphone et qui résonnais dans ma tête (déjà, à sa voix, je l'imaginais plus en train de traire des vaches que d'organiser un concours national de chant, mais bon)

 "C'est quoi ce concours!" m'exclamai-je, ironique sur les bords. ça faisait pas sérieux, ça manquait de tenue, faut bien le dire. Mais je savais - heureusement! - qu'il fallait se méfier des apparences et j'espérais qu'à l'intérieur ce serait plus classe, comme il se devait pour moi. Que c'était comme une vulgaire pierre qu'on casse et qui révèle un trésor cristallin. Ou comme un laideron au coeur d'or.

 Arrivé le premier, une heure et demie avant l'ouverture des portes aux candidats (j'en était un candide...), j'ai dû patienter dehors entre averses et éclaircies. Il y avait bien du monde derrière une porte, mais je ne pouvais franchir celle-ci, et ne voyait rien derrière elle. Total mystère!

 J'ai vu enfin un groupe de trois-quatre personnes fumer sur le palier de cette porte qui n'était pas celle publique. Des hommes entre 20 et 30 ans. Je me suis résolu à demander s'il fallait bien attendre jusqu'à 14h ou... Cinq-dix minutes plus tard, on m'annonça qu'on allait ouvrir la porte publique. Peu de temps  après que je me sois soulagé le long d'une haie mirifique longeant le bâtiment. On ne pouvait me voir de nulle part, sauf de derrière; je m'en suis aperçu un peu tard, retournant la tête vers la baie vitrée du cul de la salle, mais par bonheur un peu enfumée.

Je suis enfin entré. Suspense à son comble.

Il y avait bien une grande scène avec plein de projecteurs en face de gradins, mais c'était bien une salle de sport, je confirme!

"Bon, après tout, me dis-je, c'est comme c'est. On verra bien!"

J'ai vu très vite.

 II

Cette seconde partie verra son ton changer. Moins humoristique (sauf au début); on le déplorera peut-être. Il s'agit d'adapter son ton aux circonstances. Dans la troisième partie, l'humour reviendra en force.

 

Bien. Je fus accueilli très chaleureusement par des retraités, semblait-il qui auraient tout aussi bien pu être du club de la boule de fort (quoique la boule de fort soit plus de ma région et que c'est plus un hobby d'hommes que de femmes; or, là, il y avait des femmes). En fait, dans l'ambiance, ça se rapprocherait plutôt de l'amicale laïque organisant le marché au puces du patelin. En fait, c'était le marché aux puces de la chanson française.

 Je me suis senti tout de suite à l'aise. Un peu comme en famille (quand ça se passe bien...). Un de ces simples m'a offert un cadeau d'accueil - c'est pas courant: une bouteille de Bordeaux, mis en bouteille à la propriété, quand même! dans un emballage cartonné avec inscrit noir sur blanc: "La Biche d'Or"

 "Vous en connaissez beaucoup de concours comme ça?"

 Ce n'est pas ce que le remettant me dit, c'est ce que je pensais. Dès le début, hop! on t'attrape avec sourire et on te tend cet avant-goût du trophée, ce trophée pour tous. Au moins, chacun ne repart pas les mains vides. L'année précédente, c'était plus léger. Je veux dire en poids: une clé USB!

On m'a fait ensuite tiré au sort un papier pour l'ordre de passage sur scène. Premier tirant; dernier chantant, pour ainsi dire: numéro 30! Sur 32 ou 33 candidats.

 Des candidats, j'en rencontrais parmi les premiers arrivés après moi. Deux hommes de mon âge, mais pas le même genre. Je fis rire l'un d'eux, le premier rencontré, quand je lui appris que ma chanson durait 7 minutes: une minute par jour de Création! (non, je ne lui dis pas ça) Avec moi, c'est tout ou rien. ça va, le bon gars n'était pas cassant.

 A vrai dire, je n'ai rencontré que des personnes avenantes, sympathiques - loin du cliché concours: "tous les concurrents se montrent rivaux". Y'en a qu'un qu'on ma dit avoir déclaré très coq: "Moi j'suis là pour..." le mot m'échappe, mais vous imaginez.

 Tous sympas, donc. Même que j'étais assis seul à une table quand un petit homme basané à la petite gueule sympa de baba cool des îles flottantes m'invita à prendre une bière avec son groupe. Celui qu'on me présenta comme étant le batteur n'avait pas de bras! Ses manches longues en ruban parlaient.

 Moi naïf, candide candidat, je fus surpris de le voir sur scène battre le métal avec des bras métalliques taillés comme le bras d'une lampe équerre. En fait, il devait, j'imagine, visser ça aux épaules, juste pour jouer.

 C'était émouvant. Et là je le dis sans rire.

 J'ai pu lui parler plus tard. A tâtons sur ce terrain délicat, je lui dis ma naïveté de candidat candide - ne sachant combien fallait de volts... - et mon admiration pour son courage. Il me dit, presque bras levant pour dire "oh" ( je le vis à l'épaule se haussant), qu'il ne pourrait jamais battre la batterie aussi bien qu'avant. Je n'ai pas voulu, malgré ma curiosité naturelle, lui demander comment c'était arrivé.

 J'ai appris que son appareillage était actionné par une pompe à carbone, si j'ai bien compris. Mais le plus beau, c'est que l'essentiel pour lui était de pouvoir se faire plaisir. D'ailleurs, ils m'ont dit qu'ils préparaient un mini CD.

 Première leçon. Je devrais dire deuxième après l'accueil.

 

 C'était l'heure des balances. Une première pour moi. J'étais stressé quand fut mon tour. Je ne savais pas que pour chacun des concurrents il y avait un réglage différent et que c'était ça le but de l'opération. Du moins, je savais vaguement. Je savais sans savoir. Ou je ne savais pas tout en sachant.

L'équipe des techniciens, très sympa. Parti à chanter une autre partie de ma chanson, on m'interrompit en disant: "C'est bon?" Sans agressivité. Je sentis seulement qu'il y avait beaucoup de monde derrière, et il me voyait comme ça parti à chanter sans m'arrêter de moi-même (quand on est pris... - il semblait en être conscient et pour lui le réglage était sans doute au point - moi j'étais incapable de dire "plus de réverb" ou un truc dans le genre qui fait "pro"... )

 L'épreuve passée - car mine de rien, tu t'exposes au public, même peu nombreux - je pus écouter à loisir tous les autres balances. Découvrir ainsi mes "rivaux", mes "adversaires". Beaucoup étaient talentueux, supérieurs à moi en technique à la guitare. D'ailleurs, j'avais à ma droite un duo de guitaristes, très bons, style manouche, qui se la pétaient à jouer dans les rangs; pendant que trimbalait sur scène moins brillant-brillant... Il faut bien dire d'abord que la plupart mâchaient leur texte aux trois quarts (or qu'on était censé comprendre...) Certains étaient assez pathétiques, touchants et rigolos à voir. Leurs chansons étaient comme des bouteilles jetées à la mer. Il y avait par exemple cette femme qui aurait pu arriver sur scène tout aussi bien en bigoudis roses et peignoir blanc-cassé, les yeux dégoulinants de khôl et d'alcool. Je l'imaginais très bien mère de famille abandonnée par son homme. Elle chantait assez faux, avait une gestuelle ridicule. Sa musique sur bande-sonore faisait boîte à musique à flonflons. Vraiment pas terrible. A mon goût en tout cas. Je pouvais la voir à la rigueur comme chanteuse du dimanche, mais auteur-compositeur-interprète? Cela ne m'a pas traversé l'esprit qu'elle pouvait l'être. Maintenant, il faut dire qu'on a des logiciels qui permettent une créativité musicale pour tous et pour chacun - ce qui veut dire aussi pléthore de médiocrité artistique, mais il faut l'accepter; c'est tellement essentiel à l'homme de pouvoir s'exprimer par un moyen ou un autre - celui ou ceux qui nous plaisent. Je devais admettre que, bon public, j'avais un sens critique; que j'étais rassuré que s'il y avait meilleur que moi, du moins techniquement, il y avait bien pire à tous les niveaux sauf dans le coeur qui y était mis - et n'était-ce pas là le plus important? La "merde", c'est précieux, ça met en exergue la perle. Je me disais: "Mon frère qui m'a dit que mes chansons c'était de la merde, qu'est-ce qu'il aurait dit?" J'aurais voulu qu'il soit là. C'est aussi là que la relativité d'Einstein prend tout son sens, même si on sait bien que sur le plan artistique, tout ne se vaut pas. Entre guillemets, ce même frère, plus jeune, disait que la musique classique c'était de la merde. On peut donc juger sans rien connaître à la musique. Et cadeau inestimable, on peut être fan de mes chansons simples, mais ne pas du tout aimer Mozart et compagnie en disant: "C'est de la merde!"...

 - Mozart, trop de la M...

 Eh bien cette femme avait sa place ici à côté de plus talentueux. On l'acceptait. Elle pouvait librement s'exprimer. Elle était aimée. Elle était humaine avant tout et on se reconnaît dans le coeur - or que même les plus grands dans tous les genres musicaux ont bien du mal à s'unir et à s'estimer sur le critère artistique - tous représentant un univers plus ou moins clos ou ouvert, plus ou moins compatible avec d'autres - quoique le métissage musical est de plus en plus fréquent.

 Là, les meilleurs sur le plan technique touchaient bien leurs instruments, mais moins le coeur. C'est ce que j'ai ressenti. Il faut dire qu'ils ne faisaient pas dans le pathos. Très rythmé, très virtuose, ils étaient là pour mettre de l'ambiance. Des musicos, eux! D'ailleurs, le texte était pâle à côté de leur musique. Et qu'arrivé à un certain niveau, on se la pète un peu, on ne peut pas en vouloir.

Moi, je me situais quelque part entre la "femme de ménage" et les musicos. Je reconnaissais que ma démarche avait quelque chose de similaire à la femme. Même si ma chanson en elle-même n'était pas un cri d'amour et de désarroi, j'étais là pour une femme que je voulais conquérir. Et j'ai vu que j'étais loin d'être le seul. L'un des concurrents était autiste. Il était transcendé sur scène. Il m'a énormément touché par ses paroles adressées à celle qu'il aimait sans que ce soit réciproque.

 Mais je m'avance dans le temps. C'est un souvenir de quand il a fait sa prestation sur scène. J'étais au bord des larmes.

 

 On m'a dit que j'écrivais très bien. Là, en l'occurrence, je trouve que j'écris très mal - littérairement parlant. Mais c'est dans le coeur.

 J'ai appris même dans les livres ou dans les contes, car j'ai été conteur, qu'on pouvait être virtuose et manquer de l'essentiel, du truc qui fait la différence. Ah celui-là, tel écrivain - tel littérateur - il a du vocabulaire! Quelles belles phrases bien tournées. C'est comme une super femme canon. ça peut sonner creux. Mais attention, j'apprécie grandement les belles femmes. Ma biche d'or est une très belle femme. Mais elle a une beauté intérieure, une beauté d'âme qui irradie. Il y a beaucoup de pureté et de clarté dans son regard, et son sourire est d'ange. Beaucoup de charme, qui est la beauté transcendante.

 Moi, je l'avoue, que ce soit dans dans la littérature ou pour les femmes, j'aime quand il y a les deux: la forme et le fond; mais je reconnais que le fond est plus important que la forme - même dans l'art -  et il vaut mieux une laide au bon coeur qu'une beauté méchante, - ce qui enlaidit de la pire laideur. Mais dans l'art, c'est assez indissociable. L'esthétique compte et on peut penser qu'un Poussin ou un Boucher a moins de fond qu'un Bacon ou Soutine - je suis non seulement plus séduit par les premiers, les seconds me rebutant assez, mais je persiste à croire que les premiers sont plus élevés spirituellement que les seconds.

 Bon, bon, naturellement digressif, emporté par l'écriture - ma "folle charmante" - , je me suis éloigné du sujet. Je reviens au concours. Aux balances, précisément.

 Je me suis assis devant la scène pour être encore plus au coeur des choses. Soudain, j'ai remarqué un homme à ma droite, non loin de moi, une allée nous séparant. C'est drôle, j'avais l'impression que c'était un producteur. Mieux, j'avais vu un visage en rêve quelques nuits précédentes et je demandais si ce n'était pas lui. Comme je le regardais, son regard a croisé le mien, à deux reprises. Il était très sérieux. M'interrogeant, me sondant l'espace d'une ou deux secondes. Et moi pareil.

 Aussi, je fus surpris quand je le vis sur scène. Il était comme moi, comme tout les concurrents. Cependant, l'aperçu qu'il montra se trouvait aux antipodes de son air sérieux sur sa chaise. Il était délirant, s'amusait sur scène. Un peu provocateur, désinvolte, jean-foutiste, mais avec coeur. On n'aurait pas dit qu'il concourrait. Juste là pour s'éclater.

 Je ne vais pas annoncer toutes les leçons, on pourra les repérer par soi-même. Mais je crois qu'il m'en a donné une ou deux... On verra par la suite.

Donc, j'ai été bluffé par cet homme, et à plus d'un titre. A plusieurs reprises, il me dit en adéquation avec ce que j'avais vu de lui sur scène: "Faut venir pour s'éclater." J'ai compris que cela faisait plusieurs années qu'il venait ici. J'ai cru comprendre même qu'il a remporté le premier prix une fois, mais n'y accordait peu d'importance; qu'il avait compris qu'ici, il ne fallait pas chercher à être découvert par un producteur. Le jury n'était composé que de profs de chants, de musique, parfois eux-mêmes compositeurs et un certain nombre faisait partie de la SACEM, ce qui pourrait laisser espérer, mais ce n'était pas le cas apparemment. Je me dis maintenant que la première fois, cet homme était un peu comme moi. Cela me parut flagrant lorsqu'il me dit lors de notre seconde entrevue - moi évoquant la raison première de ma venue, ma biche d'or: "Oh moi, c'est passé avec ça.", - cela en rigolant, et me surprenant quand il ajouta qu'il était une sorte d'androgyne: il avait tout en lui: le masculin, le féminin... Je lui répondis que j'étais totalement d'accord avec lui, que d'ailleurs ma chanson évoquait cela: la Bien-Aimée intérieure (il n'en était pas dupe), mais que quand même, quand tu rencontrais un miroir... (ce dont parlait aussi ma chanson); sous-entendu: je ne crachais pas dessus (Et entre nous, une femme en chair et en os, c'est plus vivant, moins virtuel si je puis dire).

 On est resté sur mes points de suspension.

 Après les balances finies vers 18h30 et le temps du repas, vint les prestations à partir de 20H30 devant un public d'une centaine de personnes. Il y en aurait sept fois plus le lendemain pour les finales toutes catégories.

 Je ne vais pas passer en revue toutes les prestations devant une centaine de personnes.

Moi qui au début était plutôt content de passer à la fin, pensant que c'était plus facile que de passer au début, je vis défiler beaucoup de talents - très différents -, la pression monta. J'étais cependant encore confiant en mes chances pour gagner. Je misais sur la simplicité, une mélodie qui accrochait, un texte de grande qualité poétique, enfin une chanson qui devait faire voyager - enfin! non, j'oublie une chose essentielle: ma voix, qu'on m'a dit belle.

Plusieurs concurrents étaient absents, des numéros sautaient, dont le 29ème. Je fus pris au dépourvu et allait vite fait aux toilettes avant de courir vers la scène. Je n'ai pas vraiment eu le temps d'angoisser. A l'entrée des coulisses, un technicien m'attendait, me cherchait visiblement; il fut soulagé. Avant de monter sur scène, je regardais vite fait dans la pénombre la photo de ma biche d'or que je ne pouvais que deviner. Selon la coutume populaire,  le présentateur me dit trois fois "merde" pour me dire bonne chance, et grand bonheur, une petite fille charmante me dit: "Si vous voulez, je peux garder vos affaires (c'est à dire ma housse de guitare). Elle s'en faisait manifestement une mission et un plaisir. Je la remerciais chaleureusement, tout sourire.

Je rejoignis le présentateur sur scène, à gauche, autour d'une petite table. Selon le protocole, il me nomma, dit ma provenance (à un signe d'approbation d'une spectatrice au fond de la salle, je devinais qu'elle était de même origine et la saluait de la main), et surtout il posa la même question qu'aux autres concurrents (seul le titre de la chanson changeant): "Un petit mot sur La Vague?"

Je dis que c'était une chanson basée sur l'inspir et l'expir, donc la respiration, comme la mer, comme nous. Que pour les différents thèmes de la chanson, je les laissais les découvrir.

 Je n'ai pas grand chose à dire sur le moment même où je chantais, je sais juste que la lumière se fit sur moi, que j'étais aveuglé et que je commençais à faire mes arpèges puis à chanter yeux fermés, que j'avais un peu de tract dans la voix, que j'ai été applaudis honorablement avec un petit "ouhou" d'appréciation venant du fond...; sur mon interprétation elle-même: que j'ai fait juste un petit accrochage, que je ne me suis pas planté dans le texte comme je le craignais. Dans l'après-midi, j'avais répété le texte à voix haute et dans la précipitation je m'étais souvent planté. Malgré ma fragilité musculaire, mes tendinites, j'avais décidé de faire une "générale" à côté de la scène, et là, plus je jouais, plus j'avais mal au bras, à cause des arpèges incessants. Je craignais alors beaucoup de mon passage sur scène. Mais, Dieu merci, je n'ai pas ressenti de douleur en jouant.

En sortant, j'ai croisé regards et bouches souriantes des techniciens, comme reconnaissants, enchantés.

Il ne restait plus que deux concurrents. Il y eut un temps avant l'annonce des résultats à partir des notes du jury, et pendant cette demi-heure d'attente, je revis le chanteur que je croyais producteur. Il me dit: "Alors, content de toi?" Je lui répondis que ça allait, c'était mieux que j'aurais pensé. Il me dit que je lui avais fait penser à Jacques Higelin; j'étais surpris par cette comparaison, à vrai dire je ne suis guère attiré par ce chansonnier, mais je lui répondis seulement que je ne pouvais dire, car je le connaissais mal. Il me demanda si j'avais d'autres chansons, et je lui répondis que j'avais une cinquantaine de compositions. Il était visiblement impressionné. "Et, ajoutai-je, je ne compte pas les reprises, de chanson françaises ou anglaises." Je me suis demandé plus tard si il n'était pas à la fois chanteur et producteur...

 Quand j'étais allé vers lui, il parlait avec l'autiste que je désirais voir. Face à lui, je lui ai dit qu'il m'avait ému; il baissa un peu la tête en roulant un peu des yeux. Le chanteur que je croyais producteur dit alors qu'il serait certainement sélectionné. ça n'a pas loupé. J'étais content pour lui quand j'ai appris que c'était le cas, mais déçu quand j'appris que je ne chanterais pas à la finale. Quand je croisais l'autiste ultérieurement, je le félicitais et lui souhaitait bonne chance. Mais je passai le plus clair - je devrais dire le plus sombre -, oui, le plus sombre de mon temps sur une chaise, isolé, prostré. Rien ne s'était réalisé de ce que j'espérais, de ce que j'étais pour ainsi dire assuré...

 J'avais pourtant lu le mot du président dans l'éditorial du bulletin de La Biche d'Or que j'avais acheté pour un ou deux euros: "Faites-vous plaisir, faites-nous plaisir et bien qu'il s'agisse d'un concours, il n'y aura ni premier, ni dernier, mais juste des gens heureux."

 J'aimais cette philosophie, cet état d'esprit. Enfant, j'étais très compétitif, que ce soit au ping-pong ou au Monopoly; j'étais si rageur dans le jeu qu'une fois j'avais cassé ma raquette, et une autre renversé le Monopoly auquel on jouait en famille. Je me suis assagi avec le temps, mais aussi j'aimai de moins en moins la compétition - quoique à l'âge de 30 ans je fis un tournoi de foot avec des copains que j'avais impressionné en tant que gardien avec mes gants de jardin... A 35 ans, j'ai passé mon premier concours, très différent de la Biche d'Or: d'Aide territoriale, dans le but d'être bibliothécaire; j'échouais, mais le travail fourni avait davantage structuré ma vie. Mais, sinon, je ne suis pas trop concours. Je trouve le monde trop compétitif. ça créé bien souvent plus de désunion que d'union. Dès l'école primaire, on voit des "cancres" rabaissés par les profs, des têtes de classe maltraités par les "cancres", traités de "chouchous". Le système scolaire exacerbe les jalousies qui existent déjà entre frères et soeurs, et met trop en évidence les inégalités, devenant pénalisantes. On fait perdre à l'enfant sa confiance en lui-même, lui qui intuitivement sait qu'il a sa propre valeur, parce que tout le monde est traité comme une pomme devant faire la jauge. On ne cesse d'être comparé aux autres, de se comparer aux autres, et une fois adulte, j'ai appris avec beaucoup de difficulté à ne plus le faire, à moins le faire. Je me dis comme Jung sur la voie de l'individuation, rebelle à toute comparaison, mais c'est dur de supprimer un programme définitivement.

 Cependant, pour ne pas rester sur un bilan noir, j'ajouterai que j'ai aimé l'école; parce que j'aimais apprendre, être en classe, en récré, et qu'on se rend compte que plus fort que tout est la force de la vie et de l'amour.

 Bref, si je voulais passer ce concours, ce n'était pas pour être sur le podium, mais gagner l'argent dont j'avais besoin et pour le reste que l'on sait.

 Ayant accumulé la fatigue et la pression, je n'avais qu'une hâte maintenant: être chez moi. A l'hôtel, je m'en rendais compte: rien ne vaut son chez soi avec son univers. J'en venais à douter que je puisse être fait pour avoir une vie d'artiste passant d'hôtel en hôtel pendant des mois. Je repensais à la vie de Michael Jackson disant qu'il n'y avait pas d'homme plus seul que lui, l'adulé...

 Dans mon malheur, j'ai eu la chance de pouvoir passer ma seconde nuit sur place.  Le directeur a aimablement accepté que je dorme dans la salle ("On ne va pas te laisser dehors", me dit-il) Caché tout de même dans une pièce "privée" comme l'annonçait la porte. J'avais pour matelas deux tapis de gymnastique. Je serais seul avec un homme: le gardien.

 Cependant, dans mon abattement, cette chance vira au cauchemar. Un bruit de machine m'empêchait de dormir et m'angoissait en plus de la tristesse qui m'avait envahi malgré que je m'étais dit avant les annonces des résultats: "Bon, si tu perds, c'est pas grave, faut pas plonger...", c'était ce à quoi m'avait encouragée ma chère amie qui, là, n'était pas là pour m'aider. J'étais seul. Il était tombé bien bas "Aube de l'Etoile". Oui, dire que sur la fiche d'inscription du concours j'avais marqué en face du mot "pseudonyme": Aube de l'Etoile. Heureusement que sur scène j'ai été présenté sous mes noms et prénoms usuels comme tout le monde. Attends, Dieu il m'a dit: Tu choisis quoi? Aube de l'Etoile ou Daube de l'Etoile. J'ai choisi le premier. Faut toujours choisir la valorisation de soi, être dans l'appréciation de soi-même, ai-je appris, mais attends, Dieu, faut assurer derrière!

 Bon, j'avoue que c'était judicieux de ne pas me présenter sous mon pseudo. En plus, ça faisait le nom commun contre tous les noms propres! Si ça c'est pas se mettre sur le podium!

 Mais ce qui me blessait, m'avait anéanti, c'était que j'avais dit à ma famille que Dieu me placerait dans une gloire à laquelle ils n'auraient aucune part, puisqu'on m'avait créé des problèmes pour deux chansons que j'avais mis sur mon blog à l'attention de ma biche d'or - et donc s'était imposé à moi de prendre un pseudo pour ne plus avoir à leur rendre des comptes. Et voilà que ce que je croyais être la volonté de Dieu ne s'était pas réalisé. Je n'avais jamais été crédible pour ma famille - pour n'importe quel projet annoncé et vu ma situation sociale -, là, je le serai définitivement. J'étais couvert de ridicule et de honte. Le ridicule ne tue pas, mais la honte le peut. Aussi, je me suis jugé terriblement en pleurant et en disant à Dieu: "Pourquoi m'as-tu abandonné" Je me voyais à la rue, vue ma situation financière empirée à présent. Je vécus un véritable enfer pour prendre conscience d'une chose, ou de manière plus grande. Notre esprit détient les clés de la porte du paradis ou de l'enfer. J'étais en enfer. Je repensais aux paroles de Rimbaud dans Une Saison en enfer, sa crise existentielle et spirituelle traduit en mots dans son oeuvre la plus forte: "Je me crois en enfer, donc j'y suis". Il n'a peut-être pas mesuré toute la profondeur de ces paroles, mais la pressenti; il aurait pu tout autant dire: "je me crois au paradis, donc j'y suis" et le titre de son chef-d'oeuvre aurait été Une Saison au paradis. Il n'y a pas pire juge que soi-même, et c'est ce juge terrible qui nous plonge dans le malheur, l'enfer en définitive. Pourtant, ma très chère amie m'avait appris à être bon avec moi-même. Mais il faut l'expérience de bien des épreuves pour y arriver de plus en plus, qui va aussi avec la maîtrise de son mental. Mais quand on est fatigué en plus d'être déçu, ça s'emballe vite. C'est pareil, mon amie m'a appris à être sans attente ou le moins possible, mais depuis tout petit j'ai été à la pêche, et quand on va à la pêche on est forcément en attente du poisson. Cela n'était-il pas pire dans les sociétés où on vivait exclusivement de pêche? Ce n'était pas principalement une partie de plaisir, et ils ne pouvaient pas se permettre de revenir bredouille dans leur famille. Moi, c'est à peine si je pouvais me permettre plus.

Comme je n'arrivais pas à dormir et qu'en plus les tapis me faisaient mal au dos, j'ai décidé d'aller dormir dans la salle, à côté de la scène. Là, j'ai dû dormir entre entre deux et trois heures. Réveillé vers 5H30, je me levai et trouvai le gardien dans les cuisines. Il m'offrit un café et des gâteaux. La veille, il m'avait offert un repas de charcuterie. Il était vraiment très sympa, comme sa tête. Il voyait bien que j'étais démoralisé. Je suis parvenu un peu à m'ouvrir à lui et il me dit: "Franchement, moi je dis chapeau à tous les candidats. Moi , aller sur scène, je ne pourrais pas." avec son petit accent bordelais. Quand je lui dis avec dépit mon âge, il me dit: "Et alors, t'es encore jeune, tu as de l'avenir devant toi, faut pas baisser les bras, faut persévérer".

 C'est grâce à lui que je pus avoir entre les mains mon bulletin de notes et d'appréciations de jury (6 en tout). Je vous en donnerai le contenu et certains commentaires personnels humoristiques.

C'était noté sur 20, avec des coefficients variables entre 1 et 1,5 pour chaque critère suivant:

1: Présence scénique, personnalité, expression (du visage et du corps) - coef 1

2: Qualités vocales, interprétation (timbre, articulation, flexibilité, musicalité, respiration) - coef 1

3: Qualité et originalité du texte. - coef 1

4: Qualité et  musicalité de la musique. - coef 1

Je nommerais les jury A B C D E F en donnant les correspondances aux numéros. B et D sont des femmes. Voici appréciations et notes regroupés par critères.

A 1: jolie présence scénique avec une belle émotion. Très bien. 15/20

B1: Pourquoi garder les yeux fermés? 13/20

C1: Jolie présence (n'hésitez pas à regarder un peu plus votre public) 13/20

D1: Ouvrez les yeux! On ne rentre pas dans votre histoire. Dommage! 12/20

E1: - 11/20

F1: - Vous ne vous adressez pas au public! Difficile de capter l'auditoire. 12/20

 

A2: Jolie voix,  bonne musicalité. 14/20

B2: Joli timbre de voix. A développer. 13/20

C2: Attention à la justesse de certaines fins de phrases. Bon timbre de voix. 13/20

D2: Attention à l'articulation. Travaillez la projection. Beau timbre. Bonne articulation. 14/20

E2: Chantez pour le public! Ne restez pas dans votre bulle! 10/20

F2: La monotonie de ton entraîne l'ennui. 12/20

 

A3: Très joli texte. très bien [?] Belles images et métaphores. Très bien. 14/20

B3: Continuez. 15/20

C3: Bon texte, on voyage. 15/20

D3: Toujours la même mélodie - C'est un peu long, manque de nuances. 14/20

E3: Joli!  13/20

F3: - 13/20

 

A4:Jolie musique et arpèges (un peu trop RÉPÉTITIF). 13/20

B4: Continuez. 13/20

C4: Mélodie sur 2 accords, dommage, c'est un peu vague...!  12/20

D4: Sympa, calme, doux. Merci pour tous les sourires. 13/20

E4: - 13/20

F4: - 12/20

 

Autres observations de la part du jury: Attention, chanson un peu longue. (C)

 

A moi de vous noter cher jury et dire mon appréciation. D et E, vous ne vous êtes pas foulé, surtout E! 10/20.

Attention à ne pas vous trompez de case - par exemple D4 (je vous comprends par ailleurs, vous stressiez autant que moi!) 12/20

Bon, certaines notes ne sont pas en rapport avec les commentaires très élogieux. (ex: A 3: 2 fois très bien noté 14/20? C'est un peu léger.

Attention D 2 aux contradictions: Attention à l'articulation... Bonne articulation. 9/20

C4, vous avez mal lu ou vous n'avez rien compris: deux accords pour inspir et expir! Sympa pour l'humour vague, sinon. 9/20

 

Le mieux maintenant est de vous faire une idée par vous-même par la vidéo du live.


La Vague (live concours de la Biche d'Or 2014... par f100002838208975

 

Cela fait, je finis mon récit.

C'était décidé, je ne resterais pas pour la finale: trop fatigué, - le moral, lui, n'étant pas au top mais mieux qu'avant mon petit déjeuner. Je n'avais qu'une hâte: rentrer chez moi. Faire du stop comme l'avait suggéré ma mère, il en était hors de question. Je pris donc le tram et eus beaucoup de chance puisque je réussis à choper un train qui partait dix minutes après ma réservation. Dans le train, je demandais à un monsieur si je pouvais utiliser son portable pour téléphoner à ma mère. Il refusa. Je demandai à une dame venant d'entrer. Elle accepta. Ma mère était en ville et alla me chercher à la gare, puis après des courses dans une jardinerie et au supermarché, elle me ramena chez moi.

 Ah j'étais content!

 C'est ma Biche d'Or  que j'écris (que ça plaise ou non), mais je remercie et salue tous les organisateurs de ce merveilleux événement ainsi que tous les concurrents et spécialement les personnes que j'ai rencontré et qui m'ont apporté des enseignements sans même le vouloir.

CONCLUSION:

Y en a, j'en suis sûr, qui vont me dire: "C'est bien, continues d'imaginer, et à nous raconter tes aventures, de ce que tu rêves et de ce que tu vis en réalité, tu es drôle! drôlissime, même!

Oui, mais quand même... moi, j'aimerais bien revoir ma Biche d'Or!

 

 

 

 

 

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